Pas un suivi de création personnel sans émerveillement. Chacun prend le glacis à l’aune de sa vie. A chaque fois, c’est différent et étonnant. Voici aujourd’hui l’histoire de Dominique qui a commencé à travailler avec le glacis, au printemps dernier. Une belle histoire, vous allez voir…
En panne
« Il y avait un arbre dans la rue… Quelques heures avant, j’avais décidé d’arrêter de peindre car je tournais en rond. J’épatais la galerie avec ma technique mais, moi, je n’étais pas dupe. Quand j’ai rencontré lé glacis, je n’ai pas voulu vivre avec lui la même chose qu’avec les autres histoires de ma vie. C’est comme danser le tango. C’est bien de connaitre la technique mais si tu diriges ton partenaire tu perds le merveilleux de la danse. J’étais devenue celle qui dirigeait et mon coeur était triste de cette danse insipide. Je sentais que j’intervenais trop dans le choix des pigments, dans les rythmes… Je sentais bien que je ne laissais pas sa place complètement au glacis. Je me suis arrêtée et je me suis posée la question « qu’est-ce qu’il manque? ».
J’ai décidé de m’en remettre à la partie de moi qui voulait vivre dans la joie et la réponse est venue de l’arbre. De toi à moi, il faut te dire aussi que ce jour là, j’avais fait aussi un lâcher de livres. Tu sais pas ce que c’est? Attends, ça va te plaire : un lâcher de livre, c’est des livres que tu aimes bien mais qui prennent trop de place. Tu choisis un jour où il ne pleut pas et tu vas les déposer un peu partout. Tu les laisses reprendre leurs vies, repartir en voyage. Tu choisis d’un laisser un dans une entrée d’immeuble, sur un banc, au bord d’une fenêtre… Ce jour là donc, je revenais d’un lâcher de livre quand j’ai vu l’arbre.
Le cadeau de l’arbre
Au pied de l’arbre, y’avait un sac en plastique blanc. Pas très engageant, d’autant que je ne suis pas du genre à faire les poubelles. Mais, là, j’étais aimantée. Il y avait un monsieur qui était là aussi, à regarder le sac mais qui ne s’est pas baissé pour l’ouvrir. Moi oui, je l’ai ouvert. – Qu’est-ce qui y’a dedans? a t-il dit – Des tubes de peintures. – Ah? (comme si ça le concernait) J’ai proposé de partager. Et il m’a dit : « Non, parce que je suis peintre. J’ai pas besoin de petits tubes comme ça. J’en ai des gros chez moi. » Comme moi dans ma tête j’étais redevenue un peintre débutant, j’avais besoin « de petits tubes comme ça ». Je n’ai pas renouvelé ma proposition de partage et je suis rentrée tremblante avec mon trésor.
Là, il y avait des couleurs que j’aurai jamais acheté ; du vert fluo, des cobalts…une vingtaine de tubes de toutes tailles
et tout neufs. Je me suis demandée si ça n’était quelqu’un qui les avait perdu mais il n’y avait pas de ticket de caisse et le sac n’était pas celui d’un magasin.
Là, j’ai bien compris le message : ne pas prendre le pouvoir pour que la vie puisse s’exprimer à nouveau.
lâcher-prise
Sur ma table d’atelier, je les ai regroupé par couleur, par famille. Les jaunes, les bleus, les rouges…
J’ai fermé les yeux et j’ai passé ma main dessus et j’ai attendu les picotements. J’en voulais trois et les associations ainsi réalisées étaient très surprenantes. Je suis partie en lâcher-prise avec. Et ben, là, du coup, ça devenait plus équilibré : il y avait mon intention mais c’est pas moi qui choisissait la couleur et le glacis était plus libre. J’avais plus de choses à découvrir : le mélange des couleurs et les réponses du glacis. Je donnais juste un cap mais je pouvais redevenir curieuse. Ça m’a remis sur mon enthousiasme que j’avais perdu en voulant trop bien faire. Le ballet a pu enfin recommencer. J’ai retrouvé mes chaussons de danse de quand j’étais petite. J’espère que mes pieds n’ont pas trop grandi ! »
Voilà. J’adore ces histoires d’ateliers, de rencontres, de coups de pouce, de clins d’œil… En avez une, vous aussi? J’aurai plaisir à la lire. Merci ;o)