Cette page concerne spécifiquement mon travail de peintre.
Je travaille depuis plus de 30 ans avec la marge accidentelle pour aller à la rencontre d’un inconnu-famillier.
Ça signifie, d’une part, que mon travaille part toujours d’une intention qui sait qu’elle va être contrariée. Et que pour cette raison, je ne prends jamais de commandes. Je peins, ça ne fonctionne pas pour que quelque chose d’autre puisse se dire, j’écoute ce « dysfonctionnement » et une rencontre en découle.
Et d’autre part, ça parle d’une quête dont je n’ai pas toujours eu conscience mais qui ne m’a jamais quittée. Celle d’un Autre, caché, inaccessible et cependant toujours présent. Pour ce qu’il-elle est et, qu’aujourd’hui encore, j’ai bien du mal à identifier.
Maitre dans l’art de généré de la marge accidentelle, le Glacis, huile ou bière, est à l’origine technique et philosophique de ma peinture.
Mon travail comprends plusieurs axes : les Essuyés, les Ailes, les Traversées silencieuses…
Les Essuyés
Ils sont arrivés accidentellement dans mon travail, il y a plus de 20 ans. Des visages sont apparus dans ma couche picturale alors que je tentais d’organiser une composition avec un chiffon. J’ignore qui ils sont alors qu’ils apparaissent et nous faisons connaissance à mesure que mon chiffon les révèle. L’Essuyage est un acte amoureux et magique. Il livre une partie de moi, ou d’un autre, dont j’ignore pratiquement tout et avec laquelle, une fois réveillée, j’ai du cohabité sans aucun mode d’emploi pendant de nombreuses années.
J’ai été amenée à rencontrer et à lire énormément de personnes pour, petit à petit, me faire une idée personnelle de ce qui se joue lorsque j’Essuye. Une pratique en a découlé, pendant laquelle j’accompagne des personnes à essuyer à leur tour dans la couche picturale, pour laquelle je me suis formée à l’accompagnement avec de nombreux outils philosophiques, psychologiques, magiques. Il est devenu évident, au bout de quelques années de pratique, que l’acte d’Essuyer est alchimique et engage celui qui s’y engage à réaliser son Grand œuvre.
Quant à l’Essuyé lui-même, je lui accorde une personnalité propre. Il interagit avec les lieux et les personnes, se cache ou se révèle en fonction des circonstances.
La première exposition d’Essuyés a eu lieu Galerie Myriam H. (Paris 6éme) en 2007 et s’appelait « Ne plus avoir peur du noir ». J’y exposais 3 ans de travail dans l’atelier et une trentaine d’Essuyés.
Les ailes pour humains
Pourquoi des ailes ? Petite histoire…
J’ai peint des ailes dès 2006. Elles sont apparues dans mon atelier alors que je n’avais pas encore conscience de mon besoin de m’envoler d’un mariage qui me clouait au sol. Il y avait déjà à cette époque l’envie qu’on puisse les essayer. L’une des paires avaient même des os à vifs qui témoignaient d’un arrachement. Je les avais exposé à la Galerie Myriam H. pour l’exposition « Se sentir pousser des ailes ».
A suite de l’inondation de mon atelier en 2016, j’ai été amenée à chercher un peu de réconfort avant de le remettre en état. L’idée m’est venue alors spontanément de tracer un grand arc de cercle, comme un arc en ciel, sur mon mur de travail. Et pour une raison que je ne m’explique pas, j’en ai fait un second à côté.
Et puis, comme je n’avais rien anticipé et rien chercher à contrôler, mes deux arcs de cercle ont coulé vers le bas du mur et, à ma grande surprise, des ailes sont apparues.
Depuis, je peins des ailes pour humains. Le protocole a un peu évolué, chaque paire arrive à sa façon, comme elle le veut, presque à mon insu. Et le plus fou, c’est que, généralement, quelqu’un arrive peu de temps après dans l’atelier, reste stupéfié devant la paire qui vient de sortir, se met devant et annonce très simplement, incrédule, « se sont les miennes« .
Alors, j’ai compris qu’à la différence d’un vêtement, les ailes ne sont pas un ornement, ni ce qui reflètent votre personnalité. Ce sont, en quelque sorte, des objets magiques qui entrent en résonance avec vous.
Chaque paire d’ailes est unique et comme suspendue au milieu d’une toile, attendant votre dos pour vous rencontrer.
Support et méthodes de fabrication
Les ailes sont toutes peintes sur une toile sur laquelle une pâte à papier à été coulée en usine. Ce support est à la fois résistant et souple, si bien que les ailes n’ont pas besoin d’être montées sur châssis ou encadrées. On peut facilement les enrouler pour les ranger, les dérouler pour les exposer. Une baguette en bas et en haut font parfaitement l’affaire pour les mettre sur un mur, comme un kakemono.
Elles ont toutes à peu près la même taille, environ 150cm de haut sur 103cm de large.
Pour moi, chaque paire d’ailes est un objet symbolique qui a la capacité de modifier l’environnement dans lequel il se trouve. La rencontre d’une paire avec son humain n’est jamais anodine.
Je ne prends pas de commande. Les ailes arrivent d’abord et l’humain avec lequel elles ont rendez-vous, arrive généralement peu de temps après. Vous pouvez découvrir mes production en allant sur mon compte Instagram : blan-peintures
Vous pouvez venir faire un essayage (Niort – Angers – Paris) en prenant rendez-vous par l’onglet contact de ce site.
Chaque paire d’ailes coute 800€ (frais d’envoi en plus). 900€ pour certaines paires (Phénix).
Lors de l’essayage, vous pouvez demander à ce que je photographie la rencontre mais je n’autorise personne d’autre que moi à le faire. Je vous envoie les photos gratuitement uniquement si la vente se conclue.
Les traversées silencieuses
Ce n’est que récemment que j’ai réalisé qu’une grande partie de mes tableaux pouvait se regrouper sous ce titre.
Il y a eu en 2008, une première exposition à la Galerie Myriam H. « Un pas de plus » qui présentait déjà ce qui allait devenir une récurrence inconsciente dans mon travail : des personnages dont on ne voit que les pieds, qui traversent la surface picturale (paysages ou autres…).
Il s’agit le plus souvent d’assez grands formats, sur toile, médium, kraft ou papier marouflé.
Cette découverte m’amène à m’interroger sur ces personnes dont on, moi la première, ignore tout. Comme les Essuyés, comme ceux qui ont rendez-vous avec les ailes, mon travail est littéralement traversé par tout un peuple silencieux dont il ne m’arrive que fortuitement de faire la connaissance, lorsque visiteur ou acheteur, vous arrivez dans l’atelier. Ou bien, tous ces gens sont-ils des fantômes ? des souvenirs ? mon lien inconscient avec l’humanité toute entière ?