Art is a dirty job but somebodys got to do it

Pour ceux qui ne parlent pas anglais : « L’art est un sale boulot mais quelqu’un doit le faire ». Je ne sais pas de qui est cette phrase mais elle revient de façon récurrente dans l’atelier, et à chaque fois avec une autre lecture.

Oui, c’est sale de faire de la peinture. L’atelier s’impose. On en met partout : sol, murs, plafond… Et on S’EN met partout. Même après la douche… Mais, franchement, c’est un moindre mal que ces taches, giclages, et postillons pour l’élaboration d’un tableau. On se salit certes mais de là à penser que c’est un sale boulot…

Alors, ça vient d’où cette idée?

DSC04233Ça vient peut-être d’un paradoxe. On part en peinture pour faire du « beau » et finalement si on en reste là, ça tourne bien souvent au travail manuel, soigné, léché, appliqué. Et lorsque, conscient qu’il y a un truc qui ne va pas, on renonce au « beau » pour quelque chose d’un peu plus « profond », ça dérape faramineusement. Du « joli », on passe parfois par une phase de « vide », puis par une autre, incertaine, perçue souvent comme chaotique.

Disons que lorsqu’on abandonne le sentier bien bordé d’un certain esthétisme qui serait, dans notre culture occidentale naturaliste encore, le propre de l’Art, ça peut commencer vraiment à devenir « a dirty job ».DSC04171

Pour celui que ça ne décourage pas dans son processus créatif, il va falloir se réconcilier avec sa part d’ombre, aller chercher ce qui sera moins « présentable », pour exprimer plus justement son… âme?  son être? sa nature? son ressenti? sa personnalité? peu importe… mais ça sort du cadre!

Voilà : peindre pour ne pas devenir plus beau ou meilleur mais juste pour être. Comme ça. Pour ce que c’est. Imparfait donc. Sale si l’on veut. Pas tout neuf, pas tout propre en tout cas…

Le Nedjar

IMG_6185Et à propos de « pas propre, pas tout neuf », il y a une association colorée avec laquelle je joue beaucoup dans l’atelier : le Nedjar. Il s’agit d’un mélange sur la palette de Noir et de Terre d’ombre brûlée. Une sorte de bouillie primordiale dont parfois je recouvre l’intégralité de ma surface picturale dans une vaste et jubilatoire « nedjarisation ».

Le noir c’est un des rares pigments que l’on obtient aussi bien en creusant des galeries sous terre, qu’en brûlant une branche ou un os. Il trouve son origine indifféremment dans les 3 grands règnes : le végétal, l’animal, le minéral. C’est tout dire d’une longue histoire…

L’Ombre brûlée c’est un pigment très banal. On en trouve absolument partout ! A toutes les époques. A n’importe quel endroit du globe. Dans n’importe quelle civilisation. Dans toutes les cultures dites archaïques et primitives jusqu’à aujourd’hui et ici, bien sur. C’est aussi la couleur de la terre, de l’humus, c’est la couleur du cycle de vie et de décomposition. C’est l’histoire de la vie…

Et donc, si on mélange les deux… on obtient : l’Histoire de la Terre et des Hommes. Des hommes sur cette terre bien plus vieille qu’eux, de leur fragilité et de leur formidable élan de vie.

Nedjarisation d'une couche picturale
Nedjarisation d’une couche picturale

Quand j’introduis le Nedjar dans ma partie de Go,  j’ai vraiment les deux mains dedans. Du vrai « dirty job » à faire pâlir de terreur une blanchisseuse. Et pourtant, il porte en lui une vibration bien particulière qu’aucun autre mélange ne rend avec autant d’émotion, allant du sombre le plus opaque à un beige mordoré paradoxalement lumineux. Chaque fois que je l’étale sur ma toile, le souffle du monde vient animer mon travail des « ombres grouillantes » si chères à Rembrandt.

Encore lui faut-il un médium pictural adapté pour le révéler. Ce que le glacis fait à merveille bien sur. On peut alors jouer de toutes ses nuances, de ses profondeurs, de ses pépites de lumières. Le glacis est un médium qui lui donne la possibilité d’être sculpté, de lui rendre ses transparences, de favoriser l’immensité de ses textures et nous raconter, nous : les hommes, les deux mains dans la terre ! Sales donc…

Dans les coups de foudre de l’atelier, outre le Blaireau dont je vous parlais l’autre jour, il y a la rencontre avec le Nedjar. L’un ou l’une d’entre vous s’essayera t-il à en parler ici? De tout cœur merci.

Dominique et les couleurs de l’arbre

Pas un suivi de création personnel sans émerveillement. Chacun prend le glacis à l’aune de sa vie. A chaque fois, c’est différent et étonnant. Voici aujourd’hui l’histoire de Dominique qui a commencé à travailler avec le glacis, au printemps dernier. Une belle histoire, vous allez voir…

En panne

« Il y avait un arbre dans la rue…arbre dans une rue Quelques heures avant, j’avais décidé d’arrêter de peindre car je tournais en rond. J’épatais la galerie avec ma technique mais, moi, je n’étais pas dupe. Quand j’ai rencontré lé glacis, je n’ai pas voulu vivre avec lui la même chose qu’avec les autres histoires de ma vie. C’est comme danser le tango. C’est bien de connaitre la technique mais si tu diriges ton partenaire tu perds le merveilleux de la danse. J’étais devenue celle qui dirigeait et mon coeur était triste de cette danse insipide. Je sentais que j’intervenais trop dans le choix des pigments, dans les rythmes… Je sentais bien que je ne laissais pas sa place complètement au glacis. Je me suis arrêtée et je me suis posée la question « qu’est-ce qu’il manque? ».

J’ai décidé de m’en remettre à la partie de moi qui voulait vivre dans la joie et la réponse est venue de l’arbre. De toi à moi, il faut te dire aussi que ce jour là, j’avais fait aussi un lâcher de livres. Tu sais pas ce que c’est? Attends, ça va te plaire : un lâcher de livre, c’est des livres que tu aimes bien mais qui prennent trop de place. Tu choisis un jour où il ne pleut pas et tu vas les déposer un peu partout. Tu les laisses reprendre leurs vies, repartir en voyage. Tu choisis d’un laisser un dans une entrée d’immeuble, sur un banc, au bord d’une fenêtre… Ce jour là donc, je revenais d’un lâcher de livre quand j’ai vu l’arbre.

Le cadeau de l’arbre

sac plastiqueAu pied de l’arbre, y’avait un sac en plastique blanc. Pas très engageant, d’autant que je ne suis pas du genre à faire les poubelles. Mais, là, j’étais aimantée. Il y avait un monsieur qui était là aussi, à regarder le sac mais qui ne s’est pas baissé pour l’ouvrir. Moi oui, je l’ai ouvert. – Qu’est-ce qui y’a dedans? a t-il dit – Des tubes de peintures. – Ah? (comme si ça le concernait) J’ai proposé de partager. Et il m’a dit : « Non, parce que je suis peintre. J’ai pas besoin de petits tubes comme ça. J’en ai des gros chez moi. » Comme moi dans ma tête j’étais redevenue un peintre débutant, j’avais besoin « de petits tubes comme ça ». Je n’ai pas renouvelé ma proposition de partage et je suis rentrée tremblante avec mon trésor.

Là, il y avait des couleurs que j’aurai jamais acheté ; du vert fluo, des cobalts…une vingtaine de tubes de toutes tailles

et tout neufs. Je me suis demandée si ça n’était quelqu’un qui les avait perdu mais il n’y avait pas de ticket de caisse et le sac n’était pas celui d’un magasin.

Là, j’ai bien compris le message : ne pas prendre le pouvoir pour que la vie puisse s’exprimer à nouveau.

 

lâcher-prise

photo(1)Sur ma table d’atelier, je les ai regroupé par couleur, par famille. Les jaunes, les bleus, les rouges…

J’ai fermé les yeux et j’ai passé ma main dessus et j’ai attendu les picotements. J’en voulais trois et les associations ainsi réalisées étaient très surprenantes. Je suis partie en lâcher-prise avec. Et ben, là, du coup, ça devenait plus équilibré : il y avait mon intention mais c’est pas moi qui choisissait la couleur et le glacis était plus libre. J’avais plus de choses à découvrir : le mélange des couleurs et les réponses du glacis. Je donnais juste un cap mais je pouvais redevenir curieuse. Ça m’a remis sur mon enthousiasme que j’avais perdu en voulant trop bien faire. Le ballet a pu enfin recommencer. J’ai retrouvé mes chaussons de danse de quand j’étais petite. J’espère que mes pieds n’ont pas trop grandi ! »

  Voilà. J’adore ces histoires d’ateliers, de rencontres, de coups de pouce, de clins d’œil… En avez une, vous aussi? J’aurai plaisir à la lire. Merci ;o)

Dangereux, le White Spirit?

Le White Spirit est le composant principal du glacis. Ce qui n’est, bien évidement, pas neutre. Ni d’un point de vue sanitaire, ni d’un point de vue artistique, ni d’un point de vue symbolique. Voici un article un peu à rebrousse poil pour réfléchir à la question ensemble.

Qu’est-ce que le white spirit?

Ce sont les maîtres hollandais qui ont les premiers « dégraissé » leur couche picturale en ajoutant de l’essence au liant (qui met en suspension les pigments « insolubles »). Ils utilisaient à cette fin l’essence de térébenthine, dont l’odeur caractéristique de pin a baigné l’atmosphère bienheureuse de l’atelier de mon enfance. Malheureusement, cette essence se révèle très nocive par inhalation, provoquant notamment de très solides maux de crâne. Voilà pourquoi, faisant le deuil de son odeur, je suis passée ces dernières années au white spirit, désaromatisé de préférence. bidon de whiteC’est mieux mais pas encore l’idéal. Le white est un solvant dérivé du pétrol. Soit un produit moyennement sympathique, classé depuis peu CMR (Carinogenic, Mutagenic, Reprotoxic). Ces produits respirés en grande quantité dans un environnement mal aéré peuvent avoir des effets néfastes. Certaines personnes peuvent, d’autre part, présenter des allergies cutanées à son contact, qui nécessitent le port de gants lors du travail. Vous comprendrez que je lui cherche activement un substitut qui nous épargne ces aspects désagréables. Cependant, les substituts au White spirit proposés actuellement sur le marché, ne concernent que le nettoyage pour lequel, la plupart du temps, le white est utilisé. Ils ne sont, en revanche, pas valides lorsque ce solvant a pour fonction de participer à un processus chimique de polymérisation. Ce qui est le cas, depuis le XVIème siècle, dans la peinture au glacis. A un moment, j’ai placé de grands espoirs dans les essences dérivées d’écorces d’agrumes. Malheureusement bien trop grasses. Je reste, bien entendu, à l’écoute de toute piste et continue à acheter régulièrement de nouveaux produits pour les tester. En attendant, l‘atelier respecte les règles de sécurité et de bon sens relatives au stockage, aération et traitement des déchets, que je transmets lors des stages à chacun de vous.

A quoi sert le white spirit dans la composition du glacis?

Imaginez que le pigment (poudre colorée à l’origine de toutes les couleurs qui sont fabriquées, quelque soit le liant, eau ou huile) est un petit bonhomme tout nu en plein hiver. Sans l’assistance d’une compagnie aimante, il a peu de chance de survivre. Le glacis, comme tout medium pictural, va donc lui proposer sa « solution de confort ». Tout d’abord du gras : l’huile de lin. Et puis de la fluidité avec le fameux white. Enfin, une sorte d’imperméable, avec le siccatif.

Autrement dit, le white, c’est la » voiture » qui va permettre au pigment de voyager de la palette au tableau et d’y trouver sa place définitive. Comme tout moyen de transport, il n’est plus nécessaire une fois parvenu à destination. Alors, il s’évapore…pinceau blanc

Mais de son voyage, le pigment gardera la mémoire. Lui, né poudreux, souvent d’origine minérale, va connaitre la fluidité avant de redevenir inerte. Tout comme le passager d’une décapotable, il en est un peu décoiffé. Plus encore, de l’expérience de cette fluidité, il gardera le goût de trouver par lui même sa place. Il la choisira plus qu’il ne respectera celle que le pinceau lui a assigné. Le white transforme, pour son passager-pigment, le besogneux tacot qu’est le pinceau en véhicule de course intelligent. Ce n’est pas peu dire…

White ça veut dire blanc, non?

White Spirit : Esprit blanc… C’est intéressant cette appellation parce que le white n’est pas du tout blanc. Il est incolore. Mais cet amalgame du blanc à l’incolore est, en soit, assez révélateur. La page blanche, c’est une page où il n’y a rien à lire. Avoir un blanc, c’est ne plus être présent à ce qui se passe. Voter blanc, c’est choisir de ne rien choisir (et on parle alors de ne pas avoir de « coloration politique »). Le blanc et l’incolore sont les deux parties d’un couple qui ne s’est pas vraiment choisi, collés malgré

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eux ensemble parce qu’ils sont censés se ressembler.

Kasimir Malevitch - Carré blanc sur fond blanc
Kasimir Malevitch – Carré blanc sur fond blanc

Le malentendu se retrouve régulièrement dans l’atelier lorsque pour avoir de la lumière, j’en vois mettre du blanc sur la palette. Vous avez déjà été confronté à cette expérience décevante? : on veut du rouge clair, lumineux, rayonnant et on se retrouve avec un rose opaque et tenace. Le blanc du tube n’apporte aucunement de la lumière. Ça n’est pas son travail, pas sa partie, pas, du tout, sa spécialité. Oubliez le temps de me lire cette croyance qui dit que le blanc n’est pas une couleur. On y reviendra une autre fois. En attendant, force est de constater qu’il y a dans le « blanc », deux réalités : celle de la couleur, bien concrète, bien teintante, et celle de la lumière, pas plus blanche que le white spirit. Pour finir, je m’appelle Blandine. « large sourire » Une stagiaire, analyste lacaniène, m’a fait remarqué que ça pouvait signifier « Blanc dine : qui ne mange rien ». Quand moi j’entends depuis toujours « Blanc dine : qui se nourrit de blanc ». Mon nom de peintre d’ailleurs (qui n’a rien d’un pseudo) est Blan… vaste programme ! Alors, que trouve t-on dans une Boite de Blan? C’est toute la question. ;o)

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