Glacis et art thérapie

Indigo 1En principe, toute forme d’art est thérapeutique. Qu’elle libère, dérange, bouscule, fasse réfléchir, fasse prendre du recul ou, simplement, fasse du bien. Dés lors, n’y a t-il pas redondance à parler d’art thérapie? Pour ma part, je n’associe ces deux mots qu’avec une grande réserve tant j’ai vu l’Art galvaudé par des psy qui le confondaient gaillardement avec du travail manuel ou un atelier digne de l’école maternelle.  Il a fallu toute la conviction et la rigueur de la démarche d’Alain Héril, psychanalyste et fondateur d’Indigo-formations, pour que j’envisage avec plaisir de co-animer un séminaire sur le sujet en sa compagnie. 20 participants sur 3 jours et l’occasion de faire vivre le glacis dans toutes ses dimensions.

Une démarche à l’opposé d’un séminaire entreprise

Indigo 2En entreprise je veille scrupuleusement à ce que le glacis ne provoque pas de remise en cause individuelle. Si l’on aborde les émotions, c’est toujours au service de l’intelligence collective et pour l’enrichissement du groupe à partir de l’apparente hétérogénéité des membres qui le composent. Je veille à ce que le groupe ait une prise de recul intéressante sur ses pratiques sans mettre sur la sellette aucun de ceux qui le composent. Je ne m’adresse aux individus que sur l’angle du groupe auquel ils appartiennent et je travaille au plaisir de se découvrir intelligents ensemble pour résoudre n’importe quel problème pratique.

Ici, la démarche est inverse :  l’art thérapie a été l’occasion exigeante d’aller chercher en soi ce qui pourrait bloquer un processus créatif, de se voir réagir à chaque étape et d’en prendre la mesure, mais aussi de savoir s’appuyer sur son inconscient pour engager ce processus. Dans le but de guérir (soi, l’autre), mieux se comprendre, ou bien plus simplement et ambitieusement, goûter la vie en continuant, comme le dit Jean-François Vézina, à « danser avec le chaos » (soit avec ce que l’on ne contrôle-maîtrise pas). Sous cet angle, le Glacis est un maître.

Indigo : un positionnement particulier

Indigo 3Outre qu’Indigo-formations se veut un organisme de formation intégratiste (toutes les approches thérapeutiques, ou presque, y sont validées et invitées à s’enrichir les unes des autres), les séminaires proposés par Alain Héril et son équipe tendent à s’appuyer sur 3 axes qui ne peuvent que faire échos à ma pratique de peintre accompagnant d’autres peintres. Il s’agit, dans un premier temps, de proposer un nouvel outil (une nouvelle technique) pour enrichir la palette déjà existante des participants. Mais il s’agit aussi de les encourager, en visitant cet outil à l’aulne de leur propre vécu, à en voir le véritable potentiel (bien plus philosophique dans le cas du glacis que purement technique). Enfin, et je dirai presque surtout, Indigo propose à ses interlocuteurs de se ressourcer par la même occasion. Mot qui ne va pas sans provoquer quelques facétieux malentendus .

Se ressourcer?

Blan 2Retour le second jour d’une très charmante Armelle s’étonnant d’une fatigue et d’un brin de colère en se couchant la veille au soir. L’impression d’être très loin du doux ressourcement attendu. Ils avaient, en effet, engagé le premier jour, chacun, deux lâcher-prises sur kraft, sans bien savoir où cela allait les mener et, en contradiction parfois, avec l’idée qu’ils se faisaient de l’élaboration d’un tableau. Situation inconfortable et pourtant très similaire à ce quoi la vie nous confronte. Mise en évidence de tous les jugements de valeur, de nos aspirations à être surs, avant qu’elle n’ait lieu, qu’une chose en vaut la peine, à vouloir faire le mieux possible pour avoir le moins de mauvaises surprises. Et donc, à prendre le formateur comme modèle et à se comparer aux autres… Très fatiguant, assurément. Exaspérant aussi, pour certains.

Avant que l’œuvre n’apparaisse et apporte son comptant de plaisir et d’informations sur l’artiste et ses relations avec son inconscient, il y a donc des étapes douloureuses. Paradoxalement, c’est justement là que se joue le ressourcement. L’idée étant de revenir à sa source, à l’origine d’une croyance, d’une façon d’entendre et de comprendre ce qui est dit, de refaire, involontairement et précisément, comme on a toujours cru qu’il fallait faire. Se ressourcer : c’est un sacré (le mot n’a ici rien d’innocent) boulot!

Reste que durant ces 3 jours, une vague de solidarité, d’élan et d’empathie nous a porté, les uns les autres, autant que les uns avec les autres. Et j’ai été émerveillée autant qu’eux de l’extraordinaire coopération du glacis pour se mettre à leur écoute. Quitte à rester un peu sidérée aussi… Mais à ce propos, je garderai le mystère. Voyez avec Indigo-formations, dont le site, justement, est illustrée par une Grande Dame du Glacis : Yahne Le Toumelin.

Par respect pour les participants, les photos illustrant cet article sont mes réalisations personnelles, qui seront exposées à partir du 24 mars 2015 à la Galerie Elzévir-Paris, en compagnie des teintures sur soie de mon amie Ursula K, jusqu’au 5 avril.

 

 

 

 

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